Confinement, recours à l’armée, appel à la mobilisation des citoyens, « nous sommes en guerre » dit notre président. En effet aujourd’hui et sans discussion possible, l’heure est à l’utilisation des toutes les énergies pour vaincre le virus et limiter les conséquences en termes de victimes.

 

Pourtant ces objectifs ne nous dispensent pas des nous interroger sur le but et les sous-entendus de ce discours guerrier. Souvent derrière se cache le désir d’union sacrée, de remise au placard des divergences et des revendications qui pourraient disperser les énergies mais aussi remettre en cause l’autorité du chef. Si dans cette épreuve nous avons besoin d’un gouvernement pour coordonner et mettre en œuvre le travail de tous, devons-nous en oublier notre sens critique ?

 

Or la première analyse qui ressort de cette crise est que nous n’étions pas prêts. Qui pourrait aujourd’hui nier le manque de moyens et de personnel dans les hôpitaux publics en France, la dépendance catastrophique de notre pays envers des importations massives pour des besoins stratégiques, y compris celui de la santé ? Et pour changer de domaine et en aborder un qui m’est plus familier, celui de l’éducation, le manque de moyens et de formation en matière d’enseignement à distance pour assurer une continuité pédagogique en cas de fermeture des établissements scolaires ?

 

Cette crise remet en évidence les besoins incontournables des services publics dans le fonctionnement solidaire de la Nation et permet à tous de constater l’ampleur de la casse que nous dénoncions avant sans être entendus. Aujourd’hui il est devenu de bon ton de rendre hommage aux soignants et à leur dévotion. C’est justice car nous leur devons une fière chandelle de faire tant avec si peu, mais il y a une certaine hypocrisie de la part de certains à aujourd’hui tant vanter leur travail alors qu’ils se sont acharnés à réduire les moyens de l’hôpital à la portion congrue, tout en chantant alors tout va très bien madame la Marquise. Ou étaient-ils quand l’été passé les personnels des hôpitaux, des urgences étaient en grève pour alerter contre l’asphyxie ?

 

Pour parler clair la crise sanitaire d’aujourd’hui n’est pas imputable à nos gouvernants, ils n’ont pas inventé le covid 19, mais par contre ils ne peuvent plus nier leur responsabilité à travers les politiques néolibérales qu’ils ont menées sans trêve et sans esprit d’humanisme, devant l’ampleur de la crise et l’impréparation à y résister dont nous souffrons. La guerre ils l’ont commencée avant, c’était une guerre contre les services publics, les politiques sociales et les systèmes de protection sociale et nous en payons aujourd’hui les conséquences.

 

Ils s’en sont bien rendu compte et tout le monde a pu noter le changement de discours. Auraient-ils enfin ouvert les yeux, les plus optimistes peuvent y croire. L’espoir fait vivre mais l’aveuglement peut être fatal car à bien y regarder, à part de beaux discours et quelques reports dans l’application des réformes contestées, qu’ont-ils changé ? Reconnaissent-ils leur responsabilité, ont-ils renoncé en profondeur à leur ancienne lune ? Il est à craindre que non et que ces nouveaux discours ne soient là que pour nous faire tenir tranquille le temps de laisser passer la crise, comme ils l’ont toujours fait, en gérant la pénurie qu’ils ont eux-mêmes créée et en exploitant toutes les possibilités offertes par la situation pour avancer en sous-main leurs contre-réformes ( cf l’état d’urgence sanitaire qui donne le droit au gouvernement de passer outre le droit du travail, le statut de la FP sans devoir en rendre compte ni demander l’avis des organisations représentatives des salariés et des fonctionnaires).

 

Alors mobilisation contre la maladie oui, union sacrée non. Faisons notre devoir et défendons nos droits.