Il est des projets qui refont régulièrement surface comme les monstres marins, quels que soient leurs aspects chimériques et néfastes. Celui de la fusion des écoles primaires et du collège est de ceux-ci, surtout dans le Lot.

Profitant du débat sur la loi Blanquer, un amendement d’une députée LREM veut réintroduire la possibilité de fusionner administrativement les écoles primaires avec le collège de secteur. Cela ne date que de décembre et la loi n’est pas encore définitivement adoptée mais il n’en fallait pas plus pour que le Lot bruisse déjà. En décembre toujours, le CD s’est déclaré non opposé à la mesure (notez la nuance dans l’expression) et une liste de secteurs où pourrait se faire une expérimentation dès la rentrée 2019 circule officieusement.

Avec ou sans fondement ? En la matière, notre expérience nous dit d’être vigilants même aux bruits, car lors des projets antérieurs les représentants des personnels, pas plus que les instances départemental

es de l’éducation nationale, n’ont été consultés ou avisés. Tout s’est diffusé par bruits et communications officieuses. Notre inquiétude grandit encore en sachant que cette fois la main revient au Préfet, même si l’initiative officiellement appartient aux élus locaux. Car le préfet a, à maintes reprises, exprimé sa volonté de forcer ces mêmes élus à plus de « réalisme » face au remaillage du réseau d’écoles dans le département.

Le prétexte qui sera avancé nous le connaissons déjà : s’adapter aux difficultés à maintenir un réseau pérenne d’écoles en milieu rural. Traduisez : pouvoir continuer à économiser sur les moyens mais avec moins de résistance. Pour faire taire toute remarque, le fameux intérêt de l’élève sera brandi comme arme suprême. Notons d’abord que, dans ce raisonnement, l’équilibre et le fonctionnement des territoires, les droits et les statuts des personnels ne sont que des détails accessoires.

Ensuite demandons-nous justement où est cet intérêt de l’élève ? Qui peut croire que ce grand remodelage du système éducatif s’arrêtera à une fusion administrative ? Le flou du texte sur les compétences ainsi transférées prouve que l’idée est d’aller beaucoup plus loin. Plus loin c’est la fusion des moyens, des fonctionnements et des méthodes pédagogiques.

Qui peut croire que les élèves de la maternelle à la troisième gagneraient à être dans un même établissement où les mêmes enseignants appliqueraient les mêmes méthodes avec les mêmes objectifs, qu’ils aient 3 ans ou 15 ans ? Par contre, en termes d’économie de moyens, imaginez la moisson possible.

 

Yves Françoise, SNES-FSU