c’est malheureusement le constat que l’on peut faire avec le recul de trois semaines de télétravail à marche forcée.

D comme démunis : le matériel manque, pas de préparation donc pas de connexion avec un débit suffisant, le Lot champion des zones blanches, pas assez d’ordinateurs en bon état dans les familles surtout si les parents sont déjà en télétravail, ordinateurs tablettes papier cartouches à la charge des familles et enseignants. Le matériel (tablettes fournies par le département) dort par ailleurs dans les établissements, c’est dommage de laisser la ressource au fond des placards.

Des tablettes les enseignants des collèges en ont eu …avec 2 heures de formation, pas de quoi faire beaucoup de miracles pédagogiques.

D comme débrouille : chaque enseignant se lance dès le premier weekend pour être prêt dès le lundi du confinement dans ce qu’il sait faire ou a l’habitude de faire, formats word, libre office, pdf…, QCM, padlet, pearltree, WhatsApp, mail perso ou non…sans se soucier de ce qui est légal, recommandé, accessible car au final on a n’a aucune idée de ce que possèdent les élèves.

On dépose à droite à gauche puisque l’ENT saturé ne fonctionne pas, avec dans le secondaire des consignes différentes pour chaque enseignant, on note, on ne note pas, on fera compter ou pas, on rend, on ne rend pas, mais comment motiver …

D comme débordés : injonction des parents, appels au secours, alertes sur la surcharge ou le manque de travail (plus rare), les parents impliqués pataugent, s’énervent, renoncent parfois.

Accumulation exponentielle des messages sur l’ENT, plusieurs dizaines par jour à traiter.

D comme disparition inquiétante, pas mal d’élèves « perdus », déconnexion pour 5 % nous dit le ministre mais beaucoup plus dans certaines classes, dans certaines matières, des bilans tardifs mais une charge de travail considérable pour faire le point, surtout dans les grands établissements.

Comment refaire le lien et le maintenir ?

D comme discipline : se lever, se mettre au travail dans une journée de confinement c’est difficile, Plus grave : insultes ou chahuts dans certaines classes virtuelles…là une certaine continuité résiste…

D comme dévouement : parents, élèves et enseignants ont fait le pari d’y arriver et au final sont parvenus ensemble à quelque chose, mais à quel prix ?

Stress, fatigue, épuisement familial et professionnel, alors merci à tous ceux qui nous ont donné un coup de pouce, à la mutualisation entre collègues et souvent amis, aux parents qui nous soutiennent et aux élèves qui ont montré leur attachement à l’instruction dans un moment grave et difficile.

Le confinement semble loin d’être terminé, on espère tous qu’après une pause bienvenue pour la détente et la préparation plus sereine de la suite chacun finira par trouver ses marques et que commencera l’ère du Dialogue avec les syndicats qui depuis des années dénoncent le financement des équipements numériques dans les établissements sans penser usage pédagogique, formation ou maintenance.