Madame la Directrice Académique,
Les organisations syndicales CFDT EFRP – Section Lot, SNUipp-FSU 46 et CGT Educ’action 46 tiennent à exprimer leur colère commune face à la dégradation du dialogue social dans notre département.
Nous dénonçons en premier lieu la fusion d’écoles opérée hors carte scolaire et après le mouvement intradépartemental. Ce calendrier maltraitant place les personnels dans une situation d’injustice : s’ils avaient été informés suffisamment tôt des projets en cours pour la rentrée 2025, ils auraient pu faire d’autres choix de mutation en toute connaissance de cause.
Par ailleurs, nous constatons une gestion chaotique des personnels dans plusieurs situations, notamment sur la circonscription de Figeac (Bagnac-sur-Célé, SEGPA de Masbou). Ces exemples illustrent une absence d’anticipation et un manque flagrant de communication de la part de l’administration.
Madame la DASEN, comment ne pas être stupéfaits devant la manière dont ces situations sont traitées ? Jusqu’à nos récentes alertes, les organisations syndicales n’ont pas été informées. Tout se fait dans la précipitation, au détriment des personnels qui ont besoin d’être accompagnés et de pouvoir envisager sereinement leur avenir professionnel. Tout se fait dans la précipitation, au mépris du dialogue social.
Nous observons d’ailleurs une dégradation continue de ce dialogue depuis plusieurs mois. Nous avons déjà exprimé, en groupe de travail, notre indignation face à la perte d’une journée d’AGS et de traitement en cas d’autorisation d’absence pour raison médicale. Cette mesure pénalise des personnels déjà fragilisés par la maladie, ou confrontés à des difficultés d’accès aux soins. Le département du Lot étant un véritable désert médical, aller chez le médecin est une nécessité, non un confort.
Bien que ces absences soient autorisées, nous vous demandons de cesser de sanctionner ces agents par une retenue de salaire et une perte d’ancienneté. La santé n’est pas un privilège : c’est un droit fondamental. Elle ne peut dépendre des inégalités territoriales. Ce qui est permis dans l’Ariège ne l’est pas dans le Lot : cette inégalité de traitement est inacceptable. Faire porter aux personnels la responsabilité de la fracture sanitaire nationale revient à leur infliger une double peine : difficulté d’accès aux soins, puis pénalisation pour y avoir eu recours. Une telle logique est indigne du service public.
Nous avons également été choqués par vos propos tenus lors de la visioconférence des directeurs du lundi 23 juin, où les personnels à temps partiel ont été désignés comme responsables des difficultés de remplacement dans le premier degré. Par ailleurs, sous couvert de pilotage pédagogique, vous exigez des directeurs qu’ils assurent une continuité pédagogique qui, dans les faits, est impossible à mettre en œuvre.
Comment garantir un réel suivi des apprentissages alors que la majorité des directeurs sont en classe, submergés par des tâches administratives chronophages, sans temps ni moyens dédiés ? Cette surcharge va à l’encontre des ambitions de revalorisation de leur fonction. Dans notre département rural, où 62% des écoles comptent 2 ou 3 classes, l’absence non remplacée d’un enseignant rend tout fonctionnement pédagogique extrêmement difficile, voire intenable.
Comment organiser une continuité pédagogique dans ces conditions ? Et que dire de l’école inclusive et de la gestion des élèves à besoins particuliers ?
Enfin, nous dénonçons la programmation d’instances à des horaires de plus en plus tardifs (CSA-SD 1er degré convoqué de 17h30 à 22h, ou le mercredi), ce qui ne permet pas une participation équitable des militants syndicaux. Nous vous rappelons que le Plan National d’Action pour l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes, dans son axe 4, préconise de favoriser l’articulation entre vie professionnelle et vie personnelle et familiale.
Nous exigeons donc la tenue des instances à des horaires compatibles avec notre temps de travail, et une information suffisamment anticipée du calendrier pour permettre une organisation sereine.
Madame la DASEN, nous espérons que vous entendrez nos remontées, nos inquiétudes et nos revendications. Le dialogue social doit rester la clé de voûte de nos échanges. Il ne peut se réduire à une transmission d’informations descendantes ou à un simple compte-rendu. Il doit être sincère, respectueux, constructif, et tenir compte des réalités de terrain vécues par les personnels. Dans un contexte de plus en plus exigeant, les représentants du personnel doivent être écoutés et leurs alertes prises en compte de façon concrète.
Le dialogue social ne doit pas se faire en mots mais en actes.